3.10.07

zorro des caniveaux

Mon amusement du moment, jouer à zorro. J'interpelle dans la rue les pauvres hères qui ne savent choisir entre civisme et abandon de leur âme. J'ennuie un homme qui se gare sur le trottoir, et qui se révèle très vexé, car il sait que je n'ai pas tort ; je demande à une dame si elle compte ramasser le caca de son chien, ce qu'elle fait en me certifiant que beaucoup de gens ont ce comportement dans son quartier - cela semble improbable mais pourquoi ne pas répandre ce genre de mythe qui pourrait être suivi par quantité de braves autochtones. La réaction vaguement offusquée de ceux que l'on semble accuser d'incivisme et qui répondent montre qu'ils sont conscients des problèmes de leur cité. Il y a quelques temps, c'est plutôt un sacré abruti que nous avons rencontré - roulant sur le trottoir en scooter, à deux doigts de renverser la poussette que nous conduisons, il s'estime dans son bon droit et pas du tout dangereux. Nous ici désigne mon doux conjoint et moi, ce qui fait que ledit conjoint a failli emplâtrer le malotru quasi assassin et néanmoins agressif. Un peu trop de ces monstres sans cervelle nous polluent le quotidien ici.
Mon autre étude de la ville basse est la rencontre régulière de ceux qui, chaque jour plus nombreux, font la manche dans la rue. Je ne leur parle pas toujours, mais la façon de dire merci présente déjà une infinité de variation, du vieil alcoolique mal réveillé, à la jeune roumaine qui a fait jusque là semblant de ne pas parler un mot et d'ânnoner de vagues prières d'un air absent et dont l'oeil s'éveille soudain pour dire très distinctement et presque sans accent merci madame. Il y a rôle à jouer pour participer à la réalité sociale et économique ; il y a personnalité cachée sous le masque, qui peut apparaître parfois.
Note sur la beauté du marché. En discutant un peu, on découvre qu'en ces temps de ramadans on ne peut plus se fournir en drogue cannabisée sur Marseille. C'est la dèche. Maintenant, ne circule que de la mauvaise qualité, et plutôt mal servie. Quand les vendeurs rachètent leur âme, les accros se rongent les sangs.
Et puis finalement, la rue hurle quand Marseille marque un but contre Liverpool. Sont-ils simplement heureux ces habitants d'une ville abandonnée par ses politiques et déchiquetée pour satisfaire à l'appétit des plus riches. (Promenez vous rue de la République, nouvelle rue Saint Férréol où les propriétaires devront dorénavant être aisés et propres sur eux. Appréciez...).

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