25.1.07

un travail qui en vaut un autre

il n'y a pas de sot métier. mais parfois, je me pose de légitimes questions sur les activités professionnelles de mes concitoyens. la grossesse est pour moi l'occasion d'expérimenter un immense champ de l'analyse médicale. et qui dit analyse médicale, dit manipulateurs qui tripotent les objets analysés, les sortent d'un conditionnement hâtif pour les étaler sur des petites feuilles de verre ou les accumuler dans des boites de piétri, planter des électrodes dans les substances après leur avoir ajouté des additifs. j'imagine simplement, car le processus me reste obscur, caché derrière des portes qui affichent le logo sens interdit, local technique.
néanmoins, j'ai eu le plaisir récent de partager ainsi mon sang (classique et qui bizarrement n'est pas associés à de la saleté, même une fois sorti du corps, ce qui n'est pas le cas de la salive comme chacun sait), mes selles, et mon urine, avec une personne assez aimable pour la recueillir et l'étudier avec une considération polie. polie et légèrement vénale, je suppose, mais on le serait à moins. la dernière nouveauté vient de l'apparition de ma tension, qui me permet de collecter plus d'un litre de pipi sur 24 heures, et de ramener un gros bidon à une secrétaire qui me dit merci.
quand on connaît mes légers penchants scatologiques mal soignés de l'enfance, on comprend que tout ceci me met en joie.
mais au-delà de ça la question demeure : quand bifurque-t-on dans ses études pour choisir de travailler en laboratoire ?

23.1.07

l'orage

comme pour me tirer d'une torpeur à la spirale descendante, les éléments se sont déchaînés pour apporter un peu de fraîcheur dans une atmosphère d'hiver pathologiquement bouillante. la pluie a crépité, et a révéillé en moi des souvenirs éteints depuis des mois. l'orage a tonné et la lumière de l'éclair, presque simultanée de l'énorme craquement à la puissance manifeste, a éclairé mon visage blême. au petit matin, tout est fini. les oiseaux chantent de nouveau dans nos arbres citadins. presque, si j'osais, j'attriburais ma mauvaise humeur de la veille à la montée du statisme électrique, à la concentration en charge des nuages.
dans mon immeuble, je rencontre enfin la voisine, chargée d'un tout petit bébé sur les bras. nous avons empêché le nourrisson de roupiller en construisant vaillamment une commode ikea bleue, de celles qui demandent qu'on leur tape sur les fesses à coup de clous pour tenir fortement. alors je m'excuse, et je découvre avec plaisir qu'elle aussi est un être civilisé qui accepte de discuter de notre bavure sans animosité et avec un grand sens du pardon, teinté d'une capacité de verbaliser des prévisions raisonnables pour d'autres occasions. nous avons élu domicile dans un batiment où les 102 appartements contiennent des humains qui se disent bonjour et communiquent des informations quand ils se croisent. étrange aventure dans une grande ville moderne. déménagement chez les riches dans un immense appartement et achat de meubles est une grande première pour moi. je jubile, en quelque sorte. mais une fois la première excitation passée, je me rends compte que ma tension a monté, et que je dois une fois de plus me coucher pour me reposer. concept.

les génériques

il n'y a rien de plus fascinant que cette nouvelle règle (loi, règle, que sais-je ?) qui impose à tout acheteur de médicaments de prendre le générique pour ne pas avoir à payer. déjà, je ne suis pas sûre d'avoir bien compris, de mon oreille vague, s'il s'agit de ne avoir droit au tiers payant ou de ne pas avoir droit à un remboursement si l'on refuse le générique. j'ai entendu le discours dans trois pharmacies différentes et je n'ai toujours pas les idées claires. c'est une règle pour laquelle on peut donc attendre un fonctionnement efficace, déjà. ensuite, j'ai beaucoup apprécié certaines situations dans mes géronto-pharmacies. puisque j'ai changé de quartier, j'ai changé de public et je profite de l'achat des dizaines de boites des quelques clients qui me précèdent. d'où le plaisir de voir un monsieur d'un âge honorable (suffisamment pour qu'il prenne un air gêné quand la pharmacienne lui a souhaité bon anniversaire après avoir regardé sa carte vitale) accumuler les boites de "médicaments - qui - sont - les - mêmes - qu'avant- mais - n'ont - plus - le - même - nom". ils ont aussi incidemment changé de couleur et de forme à l'intérieur de la boite. la pharmacienne, très gentille, a perdu 5 minutes de notre temps collectif à écrire le nom de l'ancien produit sur le nouveau générique. elle n'a pas rajouté la posologie car ce monsieur-là était plutôt vaillant encore, et bien éveillé. le lendemain, même topo avec une dame beaucoup plus jeune qui achète du lexomil pour sa mère et se demande comment elle va lui faire avaler cette molécule tombée dans le domaine public. quand on sait combien les habitudes des octogénaires moyens sont faciles à changer, je soupçonne la sécu d'avoir lancé avec ce système une opération de grande envergure d'intoxication médicamenteuse auprès des populations les plus fragiles. l'erreur sera très humaine.

sinon, à l'autre bout de la chaîne temporelle, je saisis dans le hall d'immeuble un petit deal intergénérationnel. la grand-mère : alors tu manges une feuille de salade. la petite : bon... alors... non... plutôt la tomate. la grand-mère : comme tu veux, mais tu manges au moins un légume. la petite : d'accord, mais après tu me changes l'assiette.
la contamination alimentaire par les tomates est un problème avec lequel l'homme du futur ne plaisantera pas.

20.1.07

les activités et la tension

je n'ai plus le droit d'approcher un carton car ils sont source de haute tension. on me le dit, et mon bras indique des valeurs interdites. j'irai même m'amuser à l'hopital cet après-midi que ça m'étonnerait pas. pendant ce temps, je reluque internet pour acheter des objets divers et variés pour la maison et le fiston. c'est une vie passionnante que d'être femme à la maison d'un temps. je pense ne pas être faite pour ça, mais on peut toujours se glisser momentanément dans des peaux diverses.
comme il m'est interdit de m'énerver, je suis restée très calme face à la délinquance sénile agressive à laquelle j'ai eu droit chez le pharmacien du coin. genre vieille qui double, protégée par la pharmacien. j'ai un peu gueulé et je me suis écrasée pour rester calme. c'est un nouveau principe. toujours être calme pour que toute la vie aille bien. ne plus défaire de carton. dormir en lisant des polars en anglais.
plus tôt l'autre jour, j'ai abordé un jeune homme sur un des chantiers de que traversait quotidiennement sur mon trajet vers le travail. je le vois arracher des joints entre les rails. et pas seulement lui, mais aussi tous les autres hommes au casque et à la combinaison visible de sécurité qui s'affairent. je m'approche et je lui demande s'ils sont en train de défaire quelque chose qu'ils ont déjà fait. il me dit "non, laissez tomber, vous connaissez pas, vous pouvez pas comprendre". alors je réponds "et c'est possible que vous m'expliquiez ? à moi que ce soit trop long." finalement, il s'agissait de joints provisoire pour aider à la pose des rails, et derrière suivait une équipe qui allait remplacer par des joints plus étanches et costauds pour terminer la portion. je lui dis merci. il est visiblement étonné qu'on puisse s'intéresser à son travail. c'est dommage uque les gens pensent ce genre de choses.
maintenant je dors et je me souviendrai de mes observations des trois derniers mois plus tard.

9.1.07

la baleine qui marche comme un pingouin

c'est là que j'en suis. j'oscille vaguement dans les rues en travaux, me heurtant le moins possible aux rivages de poubelles.
marseille m'apporte même un cafard à la maison. c'est vraiment généreux, comme ville.