28.2.07

premier moisiversaire

il y a un mois que malo est sorti, et déjà il sait
- tirer les cheveux et se hisser sur un corps légèrement allongé en poussant sur les pieds et utilisant ces pauvres cheveux sus-cités.
- sourire en regardant dans les yeux - et l'on pense alors qu'il fait un vrai sourire, par juste une mimique
- faire areu areu bo lo la. ce qui est déjà pas mal, jamais je n'aurais pensé qu'on a droit à un discours si tôt.
- regarder avec attention, suivre des yeux. en quelques jours cette compétence passe d'exceptionnelle et surprenant à banale, mais elle étonne quand elle arrive
- manipuler ses parents pour qu'ils prennent aux bras, puis emmènent dans des endroits variés, lumineux et présentant un grand choix d'amusements.
c'est déjà pas mal. sans compter toutes les compétences qu'on ne voit pas et qui doivent exister en grand nombre. téter n'étant pas la moindre.
il n'y aura pas eu d'hiver cette année. c'est maintenant un fait acquis.

23.2.07

aventure

hier soir, j'ai vécu une grande aventure.
je suis sortie dans le couloir pour chercher le courrier. du hall d'entrée, j'entendis des miaulements de chat très mécontent. on pouvait se demander s'il était blessé ou seulement malheureux tant les cris étaient déchirants. en avançant dans le couloir du batiment B, de l'autre côté du hall par rapport à chez moi, je vis une jeune isabelle la queue dressée, le flanc mince et l'air perdu qui oscillait devant une porte en miaulant à la lune. une dame entrée peu de temps avant dans l'immeuble vint à la rescousse et m'encouragea à solliciter les habitants de cet appartement. je sonnai et une femme ouvrit la porte. elle portait aux bras un enfant et la pièce derrière elle était une immense salle de jeux, de milliers de peluches et jouets en plastiques semblant accumulés dans son dos. elle remercia, car le chat n'était même pas à elle mais confié, et elle n'avait pas remarqué encore sa disparition. un homme arriva dans le couloir à ce moment, lui aussi chargé de minot, et se fit tancer car il avait laissé s'échapper l'animal. je partis rejoindre mes pénates à ce moment-là.
en quoi cette aventure est-elle extraordinaire ?
certes on y parle d'enfants et de jouets
mais on n'y parle pas de
- pleurs d'enfant
- changer un bébé
- nourrir un tout petit
- médicament homéopathique à donner dans une seringue, craché au fur et à mesure qu'il pénètre dans la bouche
- triple menton de petit garçon aux cuisses chaque jour plus potelées
- sommeil manquant
- hurlements de morveux rouge de colère
- lavage de petit pyjama plein de caca
- lavage de petit body plein du pipi qui est sorti pendant qu'on changeait le petit culcul
- lavage de serviette pleine des deux matériaux sus-cités
- papa au regard hagard et aux joues blanches tandis que ses cernes jaunissent chaque jour un peu plus
- seins qui coulent
- régurgitations répétées
- endormissement en cours de tétée, tandis que le petit angelot s'écrase en vrac sur le lit
- mal au petit ventre (cris)
- mauvaise sortie de petit rot (cris)
- petit nez bouché (gémissements)
- difficultés à manoeuvrer une poussette trop large dans des rues trop étroites et encombrées de voitures
- plaintes de marmot qui refuse d'être dans une poussette à l'arrêt
- hurlement de bébé qui ne supporte pas d'être mis dans ses habits chauds de sortie
- nourriture surgelée chauffée au micro-onde et avalée sur un coin de table entre deux crises de hurlements

c'est une histoire qui sort vraiment du quotidien.

21.2.07

lectures

je suis dans du japonais jusqu'au nez.
mais comme je suis encore ignare, je lis en français du japonais. ça ne donne pas toujours de très bons résultats.
après m'être enfoncée avec un grand plaisir mélé d'un effroi glacé dans "le musée du silence" de yoko ogawa où une fois de plus la littérature japonaise m'a semblée capable de s'approcher d'un univers que je qualifie de kafkaien principalement parce que les angoisses que les histoires génèrent chez moi sont équivalente en lisant les diverses oeuvres, j'ai fait une petite erreur. j'ai acheté le "premier livre de science-fiction japonais traduit en français", "la submersion du japon", qui a été adapté en film, et est semble-t-il très connu. on peut dire déjà que la traduction sur laquelle je suis tombée est de l'ordre de la purée de patate froide mélangée à de la crème fraiche avariée. c'est loin du délice. et puis pous de la science fiction, c'est singulier. on nous raconte l'histoire de la disparition du japon à cause d'une grande catastrophe naturelle : un trou qui apparaît au fond de la mer et happe le beau pays, habitants et capital culturel inclus. l'histoire est donc découpée en plusieurs actes où les acteurs principaux doivent d'abord trouver de l'argent pour continuer leurs recherche, puis convaincre le gouvernement, puis cacher les résultats pour éviter la panique, puis planifier le départ des japonais dans d'autres pays à grand coup de négociations diplomatiques et investissements dans des bateaux, pour que finalement un des héros soit à deux doigts de mourir alors qu'il se sacrifie pour sauver le plus de vies humaines. au milieu on trouve un milliardaire un peu trouble, un premier ministre qui prend le risque de gâcher sa carrière, et divers scientifiques plus ou moins intelligents.
ce qui agace dans cette lecture, c'est principalement la fadeur de la narration des événements, très linéaire et quasi journalistique, avec en parallèle les pensées et points de vue des personnages développés dans des parenthèses (physiquement, des vraies parenthèses au milieu de l'hisoitre) qui nous dévoilent leurs pensées. on est donc bien dans une approche à la japonaise comme décrite par un de mes profs de nippon : le point de vue de ceux qui vivent ce qui se passe est le plus important. ici, ça nous ralentit encore plus l'histoire qui devient une anticipation poussive. on retrouve sankukai, en gros, pour ceux qui se souviennent avec plaisir de la nullité des monstres en carton mal ajusté.
à côté de ça, le musée du silence avec un muséographe paumé qui doit organise la collection d'objets subtilisés à des morts depuis des années d'une vieille grincheuse dont on ne sait rien mais qui s'entoure d'attributs mystérieux (une jeune fille adoptée, un jardinier assassin) semble un chef d'oeuvre de la littérature internationale.
mais heureusement pour rattraper le mauvais goût, je me suis laissée tentée par la bédé primée comme meilleur album à angoulême, "non non bah" de shigeru , et ça c'est de la balle pur jus.
comme on a compris, l'éducation d'un nourrisson (noter que je n'ai pas dit "l'élevage") laisse des plages de lectures fabuleuses, puisqu'il faut secouer le lit, garder aux bras, donner la tétée, autant de moments privilégiés où la mère finit par convaincre son bambin qu'elle a bien le droit de faire autre chose en même temps qu'elle pouponne.
je fais néanmoins très court et retourne finir "lolita", sur lequel il n'y a rien à dire puisque tout le monde l'a lu.

18.2.07

j'y arriverai

un de ces quatre, j'écrirai tous les jours et tout le monde dira "ouah, c'est elle je la reconnais". pour l'instant, je suis une autre, un zombie, l'ombre de moi-même, une cerne géante sur le visage et des courbatures dans les fesses à force de monter en catastrophe l'escalier.
quand je regarde la télévision, je pense à nos hommes politiques détestés - du genre de celui qui est en tête dans les sondages en ce moment - en train de se faire changer par sa mère, il y a des années, voire s'adonnant au sport préféré des nourrissons mâles qui est le pipi sur tête de maman quand elle retire la couche. c'est ma déformation professionnelle qui veut ça. ma nouvelle profession, s'entend, celle que j'ai adoptée pour trois mois à temps plein et qui visiblement ne me sied pas comme un gant bien ajusté. mais comme disent mes amis à la philosophie toujours bien placée : l'important dans la vie est de faire preuve d'adaptation (en anglais ça donne "one of the main skills in life is adjusting to change", ne me demandez pas en japonais, ça fait trois semaines que j'ai pas ouvert un livre et j'ai oublié 80 kanji depuis).
il y a de nombreuses aventures en ce moment, autour du droit de résidence en france, en particulier. une amie doit justifier de sa non-présence sur le territoire durant quelques années, suite à une erreur de la préfecture de marseille lorsqu'elle est revenue. quand on obtient de rester plus longtemps sur notre sol national chéri, dont chacun envie la douce chaleur et le confort enveloppant, c'est grâce à un "recours gracieux". je trouve l'expression très mal choisie, mais je me rassure vite car je sais que c'est à l'ENA-fierté nationale qu'on apprend ainsi à enculer les mouches, vive la haute administration.
"car il y a deux façons d'enculer les mouches" disait Boris Vian, "avec et sans leur consentement".

14.2.07

se déplacer en ville

mes chers fidèles lecteurs se rendent compte, à leur plus grande surprise, que j'ai perdu la capacité d'écrire en traversant les continents. ils s'étonnent que rien ne me marque dans marseille, que la surprise et l'étonnement naïf ne m'habitent plus. mais le retard que j'affiche se justifie sans s'excuser par la gestation et l'arrivée soudaine d'un petit animal humain qui me surprend au plus haut point et épuise une grande partie de l'énergie que je peut dispenser au quotidien. le petit d'homme s'appelle Malo.
Je découvre donc de nouveaux plaisirs sans fin. comme la promenade en poussette. enfin, ce n'est pas moi qui suis dans la poussette, mais vous aurez traduit vous même. la poussette est un outil qui roule quand on le pousse et qui est assez sensible aux dénivellations de terrain - que je découvre très nombreuses alors qu'hier encore mes petons semblaient me faire circuler sur un sol bien plat - et aux crottes de chiens. ces immondices dont je connaissais l'existence insupportable, car déjà j'insultais copieusement tout propriétaire de chien qui laissait négligemment caguer son monstre infect au milieu du trottoir sans ramasser, me sont devenues un ennemi mortel. non contente de manoeuvrer dangereusement entre voitures et escaliers, trottoirs trop hauts et plaques d'égout déchaussées, je dois maintenant vérifier sans cesse si mon avant est dégagé proprement. et bien sûr ça m'empêche de regarder le petit ange qui me fait gagater, mère gazouillante que je suis.
pour ce qui est de ma vie fantasmagorique, je fais des rêves. comme mon fils a l'oreille gauche beaucoup plus petite que l'oreille droite (pas loin de 5 mm) j'ai rêvé cette nuit que son oreille poussait et devenait plus grande que l'autre. ensuite, dans un autre rêve, j'ai écrit et chanté en même temps "Capri, c'est fini, et dire que c'était la ville de mon premier amour...". je vous raconte ça parce que si quelqu'un sait interpréter, je suis intéressée...