3.10.07

zorro des caniveaux

Mon amusement du moment, jouer à zorro. J'interpelle dans la rue les pauvres hères qui ne savent choisir entre civisme et abandon de leur âme. J'ennuie un homme qui se gare sur le trottoir, et qui se révèle très vexé, car il sait que je n'ai pas tort ; je demande à une dame si elle compte ramasser le caca de son chien, ce qu'elle fait en me certifiant que beaucoup de gens ont ce comportement dans son quartier - cela semble improbable mais pourquoi ne pas répandre ce genre de mythe qui pourrait être suivi par quantité de braves autochtones. La réaction vaguement offusquée de ceux que l'on semble accuser d'incivisme et qui répondent montre qu'ils sont conscients des problèmes de leur cité. Il y a quelques temps, c'est plutôt un sacré abruti que nous avons rencontré - roulant sur le trottoir en scooter, à deux doigts de renverser la poussette que nous conduisons, il s'estime dans son bon droit et pas du tout dangereux. Nous ici désigne mon doux conjoint et moi, ce qui fait que ledit conjoint a failli emplâtrer le malotru quasi assassin et néanmoins agressif. Un peu trop de ces monstres sans cervelle nous polluent le quotidien ici.
Mon autre étude de la ville basse est la rencontre régulière de ceux qui, chaque jour plus nombreux, font la manche dans la rue. Je ne leur parle pas toujours, mais la façon de dire merci présente déjà une infinité de variation, du vieil alcoolique mal réveillé, à la jeune roumaine qui a fait jusque là semblant de ne pas parler un mot et d'ânnoner de vagues prières d'un air absent et dont l'oeil s'éveille soudain pour dire très distinctement et presque sans accent merci madame. Il y a rôle à jouer pour participer à la réalité sociale et économique ; il y a personnalité cachée sous le masque, qui peut apparaître parfois.
Note sur la beauté du marché. En discutant un peu, on découvre qu'en ces temps de ramadans on ne peut plus se fournir en drogue cannabisée sur Marseille. C'est la dèche. Maintenant, ne circule que de la mauvaise qualité, et plutôt mal servie. Quand les vendeurs rachètent leur âme, les accros se rongent les sangs.
Et puis finalement, la rue hurle quand Marseille marque un but contre Liverpool. Sont-ils simplement heureux ces habitants d'une ville abandonnée par ses politiques et déchiquetée pour satisfaire à l'appétit des plus riches. (Promenez vous rue de la République, nouvelle rue Saint Férréol où les propriétaires devront dorénavant être aisés et propres sur eux. Appréciez...).

2.10.07

1.10.07

JE NE SUIS PAS

Le bus qui vient d'Aix annonce sur le côté, en lettre brillante sur fond noir : JE NE SUIS PAS. (de face on saura qu'il s'agit d'être en service, moins mystérieux.
Un petit chien blanc qui ressemble à Oscar la chienne de Kaabeche le créateur de la rue Pastoret, se tient devant la gare de Marseille, au pied d'une machin-outil qui fait sa pause de midi. Au milieu du chantier, il se gratter avec sa patte arrière gauche, et renifle par terre avec vivacité. Il est très petit.
Un autre petit, humain, saute sans se démoraliser pour toucher le drapeau australien qui pend du plafond. Il a environ cinq ans. Si on prend sa hauteur et qu'on la triple, on atteind tout juste le drapeau. En haut de sa courbe ascendante, il est encore très très loin du compte, mais ne se démoralise pas, et recommence encore. Il tente le drapeau de l'Italie, retourne à l'Australie. Puis il abandonne et rejoint sa mère, pour enfourner un repas qui ressemble au mien sur un plateau que chaque client a indentiquement posé devant lui. Deux plats et une boisson, l'un simulant un hamburger plus ou moins sophistiqué, tandis que l'autre représente les légumes, frites donc. Un boisson. Pour certains un desserts pour ajouter à 495 et 380 calories. Un repas chez macdo.

27.9.07

"heureusement que la planète se réchauffe..."

Une belle remarque de vieux marseillais à l'accent italien, lancée d'une voix aussi gaie que tonitruante. Son ami approuve en retenant son chapeau. Car l'hiver s'en est venu en un jour et les bouts du nez sont rouges. Parfois, dans les beaux jours, on me parlait dans la rue, telle cette femme surgissant d'une cabine téléphonique pour m'annoncer que l'ANPE venait d'accepter de financer sa formation. Du chant lyrique. Maintenant, le son des voix est assourdi par les éléments mais la bonne humeur ne nous quitte pas. Le vendeur de fromages de la rue saint michel, au chaud dans son magasin, parle de sa petite fille et de sa retraite tant attendue. Une dame se plaint de ce qui nous préoccupe ici, l'arrivée soudaine d'une perturbation sur la Région PACA. D'ailleurs, les machines-outils ont déjà pris leur envol vers des cieux plus cléments, et je ne vois plus une seule araignée, plus un seul éléphant de ferraille creusant un parking ou réparant une rue. Le parcours qui me mène au travail était pourtant pendant des mois encombré de la construction du tramway, long saucisson silencieux dont l'apparition ne rend pas plus simple la vie des cyclistes.
On peut noter un changement d'humeur certain dès les premiers mots posés sur cette page virtuelle : je mets des majuscules en début de phrase.
On peut noter une constante d'humeur certaine en Birmanie : ils vont tirer sur les gens dans la rue, ceux-là même que je voyais il y a quelques jours sur mon écran, distinguant les visages et les postures de ceux qui marchaient vers une répression certaine. Mais marchaient malgré tout.

28.6.07

c'est un jour...

c'est un jour à se promener à kurodani, temple de la secte de la terre sacrée qui surplombe kyoto sur son flanc est. c'est celui où je me promenais, je regardais les tortues jouer, je m'asseyait au petit matin pour écouter les moines chanter. là où le cimetière s'élève dans la montagne, le vent souffle toujours, bouddha a un fil qui lui sort des mains et en tenant le marteau, on est directement connecté à lui. je connaissais bien les bouddha de certaines tombes, des imposants bouddha assis très clame, ou d'autre debout avec les doigts dans diverses positions. c'est là qu'un bouddha a des cheveux crépus (d'après les dires, je ne l'ai jamais trouvé). c'est aussi là qu'on trouve le tout petit jardin qui réussit à paraître grand grâce à ces perspectives perverses de jardinier japonais et qui se gonfle de rougeurs automnales à en exploser, laissant passer un toc de bambou promeneur emplit d'eau.
c'est un jour de migraine nostalgique du pays où il fait bon vieillir.

25.6.07

l'homme de la rue

L'homme de la rue a les cheveux qui se raréfient sur le dessus du crâne, une barbe de trois jours blond-roux, la peau couverte d'un hâle léger, lui aussi vaguement roux, quelques rides mais sans exagération. Il dit parler cinq langues, le bulgare, le gitan, le mongol, un peu d'italien, le français. Il se dit mongol, un peuple dont les représentants sont rares en France. Comme son français est parfait, très précis et sans accent, je m'étonne et il ajoute une mère française à ses origines. L'homme de la rue vit à marseille, qui n'est pas sympathique ni facile, mais moins dangereuse que paris, ville de bandes où il ne fait pas bon être seul. Il faut rapidement s'y caser, s'y débrouiller, dit-il avec un geste serpentin de la main. L'homme de la rue a vu partir, sans comprendre, il y a quelques jours la jeune femme qui l'accompagnait, mais il ne semble pas très affecté par ce fait. Côté solitude, il est veuf depuis trois ans et ses enfants sont placés en maison d'accueil. Ils vont très bien, polis et propres, mais il ne les voit que quelques heures tous les mois. C'est le contrôle judiciaire qui garantit que la rencontre est limitée dans le temps. Car l'homme de la rue n'a pas l'air d'un rigolo. Il décrit rapidement ses blessures, qui l'empêchent de travailler, blessures, paralysie d'une main et coups de couteaux diversement répartis et montre ses impressionnantes cicatrices enchevétrées aux tatouages. Il dit savoir se battre et avoir un couteau malgré tout sur lui, pour les cas de bagarre à plusieurs où les mains nues ne suiffisent qu'à se faire démonter. Il n'a plus ses papiers, volés la semaine dernière et qu'il doit faire refaire, et a perdu son gros sac il y a peu. La bagarre et l'oubli sont plus faciles la nuit, surtout quand on a bu un coup de trop et que le verbe devient vert. Car la vraie raison de son chômage, dit-il, c'est l'alcoolisme, qui le rend dangereux - pour lui ce qui n'est pas grave à son sens - pour les autres ce qui le gêne plus. C'est difficile de s'arrêter, quand on retourne au plein air dès la cure de désintoxication finie, que la journée se passe sans parler presque et que le soir est vide.
Et l'homme de la rue est dans la rue, tandis que les bus passent et que la chaleur monte, devant les piétons, sa bouteille de rouge posée mais pas cachée derrière son sac et le fond d'une bouteille d'eau découpée à ses pieds, signe qu'il demande de l'argent. Il a un air très serein et posé, calme et poli sans inquiétude, qui le différencie (j'ai trouvé à cet instant) de nombreux autres hommes de la rue qui s'installent devant nos yeux. Sa voix est elle aussi calme et sans émotion malgré ce qu'il raconte et désigne comme des échecs et des incapacités. Mais il semble accepter sans résignation, juste accepter, qu'une traversée de l'Europe aventureuse à quatorze ans se transforme en une situation moins glorieuse quand le temps passe.

18.6.07

témoignage

Alors que je rentrai chez moi ce soir, je fus témoin (à mon immense) étonnement d'un événement prévu depuis longtemps mais dont l'attente avait transformé son objet en mythe.
le tramway circulait à vive allure sur la rue de la République. A l'instar du petit train qui récemment avait failli m'écraser, il ne faisait pas cas des pauvres marseillais fatigués par leur journée de travail et habitués à marcher au milieu de la chaussée qui risquaient de se faire broyer sous ses roues funestes. Il émettait un ding ding énervé, mais son allure était constante et vive.
On ne peut même pas dire qu'il soit laid.
On ne peut pas dire qu'il est trop petit.
On peut tout juste critiquer son parcours, qui double une ligne de métro et ne daigne même pas songer à s'orienter vers l'université la plus mal désservie en transports en commun de france.
on peut également s'interroger sur le passage de la canébière où il semble s'empêtrer comme tout un chacun dans la circulation outrebouchée du carrefour rome-belsunce-canebière.
Mais l'histoire s'écrit aujourd'hui.

quant à savoir ce qui est dommage...

hier soir, je me suis bien amusée. non pas que ma ferveur partisane m'ait conduit dans les pentes sableuses de l'auto-satisfaction, puisque entre l'ebola et la grippe aviaire, en politique, mon coeur n'est pas acquis.
mais j'ai ri.
surtout de la mauvaise foi.
tous les "unionistes majorité p" qui sont passés à la télé ont accusé les socialistes d'avoir fait de la désinformation en parlant de la vague bleue à tout vent, poussant les surfeurs trop sûrs d'eux à ne pas se rendre aux urnes, tandis que les rosiers se précipitaient pour sauver les meubles.
mais qui tient les médias à l'heure actuelle et a fait croire que tout était acquis ? qui manipule les informations et les reportages, pose sur les forums ses petits pions prêts à expliquer les projets en les rendant attractifs et sympathiques (quitte à dire des ânneries du type "et si le coût de la main d'oeuvre baisse, les prix baissent", oubliant que personne n'a vu de bien longtemps les industriels indexer les prix sur les coûts) ? je pense que ceux qui ont une place dans les médias écoutés sont ceux qui ont le pouvoir et font peur à tout le monde.
et avoir le pouvoir et faire peur à tout le monde, on peut pas dire que ce soit la gauche en ce moment.
donc, hier, on a vu des mesquins malheureux accuser les autres d'une communication complètement plantée.
d'autres accusent les socialiste de ne pas avoir présenté de projet. c'est bien, mais est-ce le rôle des législatives, où j'élis mon député très local, que de proposer un projet national ? je doute je doute.
donc hier j'ai ri.
et finalement je me suis sentie moins seule que depuis quelques semaines, où j'avais l'impression que tout allait vers un enterrement sans pompe de notre présent.
pour le futur, on verra bien...

12.6.07

juliette bleue

je tiens à préciser que le nom de juliette bleue n'a rien à voir avec un parti politique au discours visqueux qui s'excite dans le giron de la bête assoupie.
d'ailleurs, je continuerai à défendre cettre belle couleur qui n'y est pour rien.

29.5.07

mes tomates !!!

il y a moultes raisons pour se plaindre d'un climat à haute variabilité, et plus encore d'un vent décorneur qui siffle sur nos tête. on ne sait plus comment s'habiller. on ne peut pas sortir le petit. on a froid. la coupe de cheveux devient encore plus chaotique et malgré tous les efforts pour cacher sa punkitude, on se grille après quelques mètres dehors. on ne peut pas se baigner dans la grande bleue. si j'écoutais les discussions dans le métro plutôt que de lire murakami (haruki) je suis sûre que j'aurais encore plus de motifs de plainte à mon arc.
mais je veux vous parler de mes tomates. depuis que j'ai un "extérieur", ce qui à marseille désigne le balcon de 3 m² sur le cour lieutaud tout autant qu'un jardin de 60m² arboré, je me pique de faire pousser des machins verts qui ne bougent pas tout seuls. des plantes je veux dire. parfois verte et rouge (un rosier) ou verte et rose (un laurier rose). ma plante préférée, c'est mon tomatier et lui est encore vert et vert. je l'aime et il faut dire qu'il me le rend bien, il est grand est gracieux, et dès début mai il laissait poindre quelques petites tomates dont l'appétitivité promet d'augmenter lorsque la rougeur leur montera au nez. chaque jour je lui parle et je mets le nez de mon fils dedans pour qu'il apprenne l'odeur de la tomate (à l'instar de celle de la menthe, de la rose, du basilic, il s'en fout avec une grâce toute majestueuse). je l'arrose, aussi, car mon père désespéré par ma main bleue s'oblige à me rappeler chaque jour les préceptes de base de l'entretetien de nos amis à chlorophylle, auxquels je me soumets avec religiosite. par exemple je retire les gourmants de mes tomates, ces petites pousses qui s'érectent inutilement à l'intersection entre deux branches et pompent l'énergie de mon plant (à l'occasion, avançant avec sincérité dans mon apprentissage poussif, j'arrache par erreur des fleurs promises à devenir tomates et à l'avenir dorénavant compromis). par exemple je mets de l'engrais, ce dont je n'ai pas honte car les bacs de béton qui encadrent les racines de mes légumes en devenir protègent efficacement la nappe fréatique de surplus d'azote. je me bats également contre la calamité la plus odieuse, les escargots, d'autant plus insupportables qu'ils étaient il y a peu mes animaux préférés, et que leur infâme traîtrise s'est révélée récemment à moi, lorsque j'ai vu mes pousses de fleurs se ternir à quelques centimètres du sol avant de devenir paille puis humus. pour anecdote, les escargots finissent dans le jardin du nouveau voisin, celui qui fait des trous dans le mur avec sa perceuse à 9 heures le soir et dont je sais qu'il ne lira pas ce texte.
donc le vent.
ce mistral fou qui ne nous lache plus, le voilà qui s'amuse en plus à casser mes tomates. ce matin, je suis sortie avec le rafia sur le balcon, et j'ai passé dix minutes dans le froid tempéteux à rattacher mes gracieuses majestés à leur tuteur courageux. les deux branches principales étaient penchées en un angle aigu très inquiétant et l'une d'elles était presque cassée et je m'inquiète des problèmes de circulation de sève à venir.
lecteur, qu'en penses-tu ? mes tomates vont-elles encore s'épanouir ou ce coup du sort va-t-il agir sur leur moral et leur santé physique ? vais-je me régaler de rouges fruits gorgés du soleil de mon jardin ou aller au marché acheter des bouts de plastiques montés sous serre en hollande. le suspense est à son comble.
je te parle à toi, cher lecteur, car je connais ta solitude. plus seul encore que l'auteur face à la feuille blanche, tu sais que toi, seul lecteur de se blog perdu dans les limbes du oueb, tu es même oublié par l'auteur, qui passe le plus clair de son temps à mater fièvresement les épisodes de touenti for (24) deuxième saison et qui oublie presque ses tomates et sa communication avec le monde pour s'intéresser au sort de jack bauer du ctu.
maintenant, j'ai dis tout le mal que le vent pouvait inspirer, je veux me plaindre de mon mec. sur d'autres blogs, je note qu'on se doit d'appeler son conjoint "doux chéri sucré", sans rigoler. le mien est un traître pire que les escargots sus-cités. ce matin, alors que je défendais au péril de ma vie mes jolies plantations, risquant à tout instant de m'envoler ou d'attraper une pneumonie qui me mènerait droit en enfer car je n'ai pas voté pour nicolas sarkozy, le voilà qui s'amuse à refermer la porte-fenêtre de la chambre qui claquait légèrement. du bout du balcon je n'entends rien car le vent furieux hurle à mes oreilles et qu'accrocher des tiges à un bout de bois demande à mes neurones matinaux une concentration extrême. je me suis donc retrouvée sur le balcon, enfermée dehors, grelottant, frappant à la porte, imaginant les deux lascars bien tranquillement en train de discuter en bas pendant que je suis coincée entre un yuka aux pointes agressives et des pucerons sauteurs.
finalement il m'entend cogner et vient ouvrir - riant sans honte, le bougre - en commentant "je disais justement à malo ta mère est gonflée elle a disparu, mais où elle est celle-là".
passons-nous de commentaire.
je vous tiendrai au courant de mes tomates et de la chasse aux escargots.

25.5.07

pour savoir à quoi ça ressemble

je mets de jolies images (n'est pas coutume). jolies mais peu indicatives car le droit à l'image m'interdit de dévoiler un visage reconnaissable sans autorisation de la personne concernée, laquelle présentement a encore du mal à tenir un stylo.



la politique

mercredi dernier, je me commettai à faire mon marché sur le cours julien, au milieu des bobos du marché paysan, quand je vois une femme aux mains pleines de tracts qui aborde les gens en leur donnant un de ses papiers. un caméra et un micro (et les manipulateurs nécessaires à leur fonctionnement) la suivent. je passe à côté d'elle et elle ne me tend rien, je lui demande donc un peu d'information (la curiosité...). elle me demande si je suis de la cinquième circonscription, je mens oui, elle me dit "je suis votre candidate pour la cinquième circonscription, votez pour moi, ou plutôt votez pour le parti". elle me donne son papier. je m'éloigne. je repasse quelques minutes plus tard et elle n'est plus filmée, alors je retourne lui dire "maintenant que vous êtes hors caméra, je peux vous signaler que vous ne m'avez même pas dit pour quel parti vous étiez" elle dit "mais si je vous ai dit cinquième circonscription..." "oui mais pas le parti, j'ai lu sur votre papier mais c'est tout. moi je men fiche, mais je dis ça pour vous" (globalement elle n'avait pas l'air très à l'aise. et plutôt que de me remercier ou de commenter à haute voix qu'elle tentera de faire mieux la prochaine fois, elle se retourne et va vers un nouveau gugusse pour lui tendre un flyer.
ça m'a un peu énervée. je me dis que bonjour l'honnêteté intellectuelle sur un détail sans intérêt, et bonjour les compétences communicationnelles.
deux jours après, je la croise à la sortie du métro avec un acolyte, qui vient me voir en disant "bonjour, nous sommes candidats des verts sur marseille". je lui ai dit merci monsieur les verts j'ai déjà votre papier. elle m'a souri, cette godiche, alors qu'elle était déjà enfoncée. le député, on fait confiance à la personne, ils ont pas encore compris ça ?

j'ai vérifié un peu mes hypothèses sur la romanité des possesseurs de voitures d'enfant dans la rue, et il semble qu'elle soit avérée. il s'agirait bien des populations détestées par toute l'europe et qui finissent dans nos grandes villes sur-polluées, entassées dans des logements à peine salubres, à vivoter de nos poubelles. pendant ce temps, les riches deviennent plus riches en votant pour un nain malfaisant.
d'ailleurs, puisque je suis pas contente aujourd'hui, je tiens à signaler que tous ceux qui m'ont avoué avoir voté pour celui dont je suis censée respecter la fonction si je ne supporte pas l'individu, sont des voleurs du contribuables : se déclarer comme mère isolée à la caf, employer des gens au noir, si possible des sans-papiers pour plus de sécurité et de flexibilité, se débrouiller pour payer moins d'impôts. j'en connais pléthore, et ils me dépriment dans leur discours moralisateur. par exemple sur les fonctionnaires de la poste qui sont des fainéants et des profiteurs - il y en a d'autres.
c'est comme si plus personne ne considérait l'honnêteté comme une vertu. ou plutôt comme si plus personne ne voyait pourquoi rechercher la vertu plutôt qu'un 4X4. nous sommes dans une ère d'égoïsme mensonger, il paraît qu'il faut l'accepter. je n'y arrive pas.

15.5.07

un petit train en folie

pas très loin du boulevard des dames, je manque de me faire renverser - voire broyer - par un petit train de marseille qui fonce à toute allure. les cinq wagons brinquebalent dans le virage, à deux doigts du déraillement. pas de touristes à bord, cela va sans dire, mais je doute quand même que les petites voitures blanches soient adaptées au rallye en centre ville.
vers castellane. le curé se plaint au jeune beur qui tient le mur de son église de tous les cons qui pissent là chaque jour. c'est un curé que l'agacement rend peu poli. le jeune homme compatit.
un "roumain" (nom générique donné à ceux qui se promènent avec une poussette d'enfant, fouillent les poubelles et remplissent leur poussette de trésor insoupçonnés y trouvés) se repose assis dans son chariot. c'est le matin et la journée de travail va être dure dans ce mistral de folie. du double usage pertinent de la poussette.

9.5.07

continuons le rêve

marseille, hier. un père fait traverser sa fille de 10 ans en courant au feu rouge devant des camions qui roulent au-delà de la vitesse maximum en ville. c'est pour l'exemple. car dans notre fier pays où l'on porte l'étendard à bout de bras pour faire peur à l'ennemi et non pas en mini-jupe pour le déconcentrer, il faut montrer aux générations futures que le présent est à oublier, rejeter, effacer, piétiner tandis que le passé est un mot qui disparait du dictionnaire, et qu'elles sont les porte-flambeaux (pour éviter la répétition avec drapeau, mais sans savoir comment on accorde au pluriel) qui éclairerons le monde qui se faufile par la porte entrouverte. merci grands hommes qui font l'histoire et nous permettent d'oublier. merci parents simples et humbles qui votent pour les grands hommes et enseignent à leurs enfants les gestes nécessaires à la survie en jungle urbaine et les valeurs que nous partageons tous (puisque uniformité il y a, tous assemblés derrière un conducteur avisé - c'est vrai moi aussi j'adhère à la valeur qui dit que les vacances sur un yacht ça repose bien).
je peux me plaindre ? bon, ben chronopost c'est toujours aussi minable, on dépose un papier sans sonner, ce papier est ILLISIBLE, et sans repasser le lendemain, on laisse le colis dans la poste la plus éloignée de l'arrondissement. on n'oublie pas qu'à marseille, les arrondissements sont plus grands qu'ailleurs, puisqu'il n'y a pas de transports en commun et qu'il y a des dénivellés qui fatiguent les mollets. heureusement que la valeur travail (payé de moins en moins cher et fait en plus grande quantité, pour augmenter sa valeur, c'est ça ? j'ai dû rater un truc en économie sur la rareté et la valeur) va ramener l'ordre dans cette boue déliquescente du service public sous-traiteur pour faire table rase (important pour garantir la qualité du changement !) et remplacer par un service privé sous-traiteur encore plus avare.

d'aucuns disent qu'il ne faut pas déprimer mais se resaisir et faire face.
mais faire face à quoi ?

7.5.07

tout comme frantico

tout comme frantico, (http://www.zanorg.com/nicoshark/) je me décide à reprendre le clavier. toujours rien à raconter depuis ma bulle maternelle, mais c'est pas en se taisant que le monde avancera.
hier, je croyais que la joie allait quitter la france, qu'au pays de candie le quotidien serait en demi-teinte. tout devient possible mais ennuyeux. triste.
mais dès hier soir, les anecdotes fusent sur notre nouvelle vie. au bar de la plaine, devant lequel les seuls à réagir, les lcr passent en engueulant le nouveau chef, les disputes commencent.
un blanc dit à un noir "pousse toi le noir", ou quelque chose comme ça. ils commencent à se mettre des baffes. un beur intervient alors en gueulant "he, vous êtes cons, vous m'avez renversé ma bière".
le ton est donné.

6.3.07

un gros pas beau

vous allez finir par vous dire qu'il se passe tout le temps des trucs incroyables dans mon hall d'immeuble. mais voilà, c'est que mon immeuble est particulier : c'est là qu'habite le gros dégueulasse. vous le connaissez par reiser, qui a documenté très finement son quotidien. je n'ai quant à moi été témoin que d'un événement : entrant dans l'immeuble, je vois un grand type descendre en peignoir de l'ascenceur pour récupérer un recommandé auprès du gardien. il dit "louis, tu as dit qu'il y avait un recommandé pour moi". ce qui est particulier, c'est que son peignoir était ouvert, et comme il ne portait rien en dessous, on voyait sa teub. il était près de midi, à l'heure où les enfants rentrent de l'école. sans vouloir jouer les saintes nitouches, je pense téléphoner aux flics si ça se reproduit. parce que j'aime pas trop ça, même s'il a l'air visiblement pas normal, ce monsieur.

4.3.07

le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt

et malo l'a bien compris.
il faut maintenant se promener le matin pour ne pas faire trop de bruit, dans l'espoir de laisser du repos au père. à sept heures, arnachement ventral et départ vers la ville qui s'éveille. dans la rue du dimanche matin, on trouve à 8h des gens qui prennent leur café en terrasse, des nettoyeurs de rues très bruyants qui font râler la boulangère, un vieux chien grisonnant au goitre proéminent qui se permet de mettre le nez sur mon crouton de baguette - me gâcher un crouton de baguette le dimanche matin est un acte inqualifiable, le maître du vieux chien qui dit "c'est pas possible il va faire 30 aujourd'hui", un gentil barman et ses journaux sur le flipper, le choix entre des croissants zet pains au chocolat préparés à la main ou à la machine (et celui à la main est meilleur).
en fait, je parle de flipper, mais à marseille il y en a très peu. suffisamment peu pour que je ne sache pas où ils sont. par contre, on trouve de nombreuses machines à tête de flipper avec des petites lumières, qui sont peut-être des machines à sous. un jour il me faudra enquêter plus sérieusement.

28.2.07

premier moisiversaire

il y a un mois que malo est sorti, et déjà il sait
- tirer les cheveux et se hisser sur un corps légèrement allongé en poussant sur les pieds et utilisant ces pauvres cheveux sus-cités.
- sourire en regardant dans les yeux - et l'on pense alors qu'il fait un vrai sourire, par juste une mimique
- faire areu areu bo lo la. ce qui est déjà pas mal, jamais je n'aurais pensé qu'on a droit à un discours si tôt.
- regarder avec attention, suivre des yeux. en quelques jours cette compétence passe d'exceptionnelle et surprenant à banale, mais elle étonne quand elle arrive
- manipuler ses parents pour qu'ils prennent aux bras, puis emmènent dans des endroits variés, lumineux et présentant un grand choix d'amusements.
c'est déjà pas mal. sans compter toutes les compétences qu'on ne voit pas et qui doivent exister en grand nombre. téter n'étant pas la moindre.
il n'y aura pas eu d'hiver cette année. c'est maintenant un fait acquis.

23.2.07

aventure

hier soir, j'ai vécu une grande aventure.
je suis sortie dans le couloir pour chercher le courrier. du hall d'entrée, j'entendis des miaulements de chat très mécontent. on pouvait se demander s'il était blessé ou seulement malheureux tant les cris étaient déchirants. en avançant dans le couloir du batiment B, de l'autre côté du hall par rapport à chez moi, je vis une jeune isabelle la queue dressée, le flanc mince et l'air perdu qui oscillait devant une porte en miaulant à la lune. une dame entrée peu de temps avant dans l'immeuble vint à la rescousse et m'encouragea à solliciter les habitants de cet appartement. je sonnai et une femme ouvrit la porte. elle portait aux bras un enfant et la pièce derrière elle était une immense salle de jeux, de milliers de peluches et jouets en plastiques semblant accumulés dans son dos. elle remercia, car le chat n'était même pas à elle mais confié, et elle n'avait pas remarqué encore sa disparition. un homme arriva dans le couloir à ce moment, lui aussi chargé de minot, et se fit tancer car il avait laissé s'échapper l'animal. je partis rejoindre mes pénates à ce moment-là.
en quoi cette aventure est-elle extraordinaire ?
certes on y parle d'enfants et de jouets
mais on n'y parle pas de
- pleurs d'enfant
- changer un bébé
- nourrir un tout petit
- médicament homéopathique à donner dans une seringue, craché au fur et à mesure qu'il pénètre dans la bouche
- triple menton de petit garçon aux cuisses chaque jour plus potelées
- sommeil manquant
- hurlements de morveux rouge de colère
- lavage de petit pyjama plein de caca
- lavage de petit body plein du pipi qui est sorti pendant qu'on changeait le petit culcul
- lavage de serviette pleine des deux matériaux sus-cités
- papa au regard hagard et aux joues blanches tandis que ses cernes jaunissent chaque jour un peu plus
- seins qui coulent
- régurgitations répétées
- endormissement en cours de tétée, tandis que le petit angelot s'écrase en vrac sur le lit
- mal au petit ventre (cris)
- mauvaise sortie de petit rot (cris)
- petit nez bouché (gémissements)
- difficultés à manoeuvrer une poussette trop large dans des rues trop étroites et encombrées de voitures
- plaintes de marmot qui refuse d'être dans une poussette à l'arrêt
- hurlement de bébé qui ne supporte pas d'être mis dans ses habits chauds de sortie
- nourriture surgelée chauffée au micro-onde et avalée sur un coin de table entre deux crises de hurlements

c'est une histoire qui sort vraiment du quotidien.

21.2.07

lectures

je suis dans du japonais jusqu'au nez.
mais comme je suis encore ignare, je lis en français du japonais. ça ne donne pas toujours de très bons résultats.
après m'être enfoncée avec un grand plaisir mélé d'un effroi glacé dans "le musée du silence" de yoko ogawa où une fois de plus la littérature japonaise m'a semblée capable de s'approcher d'un univers que je qualifie de kafkaien principalement parce que les angoisses que les histoires génèrent chez moi sont équivalente en lisant les diverses oeuvres, j'ai fait une petite erreur. j'ai acheté le "premier livre de science-fiction japonais traduit en français", "la submersion du japon", qui a été adapté en film, et est semble-t-il très connu. on peut dire déjà que la traduction sur laquelle je suis tombée est de l'ordre de la purée de patate froide mélangée à de la crème fraiche avariée. c'est loin du délice. et puis pous de la science fiction, c'est singulier. on nous raconte l'histoire de la disparition du japon à cause d'une grande catastrophe naturelle : un trou qui apparaît au fond de la mer et happe le beau pays, habitants et capital culturel inclus. l'histoire est donc découpée en plusieurs actes où les acteurs principaux doivent d'abord trouver de l'argent pour continuer leurs recherche, puis convaincre le gouvernement, puis cacher les résultats pour éviter la panique, puis planifier le départ des japonais dans d'autres pays à grand coup de négociations diplomatiques et investissements dans des bateaux, pour que finalement un des héros soit à deux doigts de mourir alors qu'il se sacrifie pour sauver le plus de vies humaines. au milieu on trouve un milliardaire un peu trouble, un premier ministre qui prend le risque de gâcher sa carrière, et divers scientifiques plus ou moins intelligents.
ce qui agace dans cette lecture, c'est principalement la fadeur de la narration des événements, très linéaire et quasi journalistique, avec en parallèle les pensées et points de vue des personnages développés dans des parenthèses (physiquement, des vraies parenthèses au milieu de l'hisoitre) qui nous dévoilent leurs pensées. on est donc bien dans une approche à la japonaise comme décrite par un de mes profs de nippon : le point de vue de ceux qui vivent ce qui se passe est le plus important. ici, ça nous ralentit encore plus l'histoire qui devient une anticipation poussive. on retrouve sankukai, en gros, pour ceux qui se souviennent avec plaisir de la nullité des monstres en carton mal ajusté.
à côté de ça, le musée du silence avec un muséographe paumé qui doit organise la collection d'objets subtilisés à des morts depuis des années d'une vieille grincheuse dont on ne sait rien mais qui s'entoure d'attributs mystérieux (une jeune fille adoptée, un jardinier assassin) semble un chef d'oeuvre de la littérature internationale.
mais heureusement pour rattraper le mauvais goût, je me suis laissée tentée par la bédé primée comme meilleur album à angoulême, "non non bah" de shigeru , et ça c'est de la balle pur jus.
comme on a compris, l'éducation d'un nourrisson (noter que je n'ai pas dit "l'élevage") laisse des plages de lectures fabuleuses, puisqu'il faut secouer le lit, garder aux bras, donner la tétée, autant de moments privilégiés où la mère finit par convaincre son bambin qu'elle a bien le droit de faire autre chose en même temps qu'elle pouponne.
je fais néanmoins très court et retourne finir "lolita", sur lequel il n'y a rien à dire puisque tout le monde l'a lu.

18.2.07

j'y arriverai

un de ces quatre, j'écrirai tous les jours et tout le monde dira "ouah, c'est elle je la reconnais". pour l'instant, je suis une autre, un zombie, l'ombre de moi-même, une cerne géante sur le visage et des courbatures dans les fesses à force de monter en catastrophe l'escalier.
quand je regarde la télévision, je pense à nos hommes politiques détestés - du genre de celui qui est en tête dans les sondages en ce moment - en train de se faire changer par sa mère, il y a des années, voire s'adonnant au sport préféré des nourrissons mâles qui est le pipi sur tête de maman quand elle retire la couche. c'est ma déformation professionnelle qui veut ça. ma nouvelle profession, s'entend, celle que j'ai adoptée pour trois mois à temps plein et qui visiblement ne me sied pas comme un gant bien ajusté. mais comme disent mes amis à la philosophie toujours bien placée : l'important dans la vie est de faire preuve d'adaptation (en anglais ça donne "one of the main skills in life is adjusting to change", ne me demandez pas en japonais, ça fait trois semaines que j'ai pas ouvert un livre et j'ai oublié 80 kanji depuis).
il y a de nombreuses aventures en ce moment, autour du droit de résidence en france, en particulier. une amie doit justifier de sa non-présence sur le territoire durant quelques années, suite à une erreur de la préfecture de marseille lorsqu'elle est revenue. quand on obtient de rester plus longtemps sur notre sol national chéri, dont chacun envie la douce chaleur et le confort enveloppant, c'est grâce à un "recours gracieux". je trouve l'expression très mal choisie, mais je me rassure vite car je sais que c'est à l'ENA-fierté nationale qu'on apprend ainsi à enculer les mouches, vive la haute administration.
"car il y a deux façons d'enculer les mouches" disait Boris Vian, "avec et sans leur consentement".

14.2.07

se déplacer en ville

mes chers fidèles lecteurs se rendent compte, à leur plus grande surprise, que j'ai perdu la capacité d'écrire en traversant les continents. ils s'étonnent que rien ne me marque dans marseille, que la surprise et l'étonnement naïf ne m'habitent plus. mais le retard que j'affiche se justifie sans s'excuser par la gestation et l'arrivée soudaine d'un petit animal humain qui me surprend au plus haut point et épuise une grande partie de l'énergie que je peut dispenser au quotidien. le petit d'homme s'appelle Malo.
Je découvre donc de nouveaux plaisirs sans fin. comme la promenade en poussette. enfin, ce n'est pas moi qui suis dans la poussette, mais vous aurez traduit vous même. la poussette est un outil qui roule quand on le pousse et qui est assez sensible aux dénivellations de terrain - que je découvre très nombreuses alors qu'hier encore mes petons semblaient me faire circuler sur un sol bien plat - et aux crottes de chiens. ces immondices dont je connaissais l'existence insupportable, car déjà j'insultais copieusement tout propriétaire de chien qui laissait négligemment caguer son monstre infect au milieu du trottoir sans ramasser, me sont devenues un ennemi mortel. non contente de manoeuvrer dangereusement entre voitures et escaliers, trottoirs trop hauts et plaques d'égout déchaussées, je dois maintenant vérifier sans cesse si mon avant est dégagé proprement. et bien sûr ça m'empêche de regarder le petit ange qui me fait gagater, mère gazouillante que je suis.
pour ce qui est de ma vie fantasmagorique, je fais des rêves. comme mon fils a l'oreille gauche beaucoup plus petite que l'oreille droite (pas loin de 5 mm) j'ai rêvé cette nuit que son oreille poussait et devenait plus grande que l'autre. ensuite, dans un autre rêve, j'ai écrit et chanté en même temps "Capri, c'est fini, et dire que c'était la ville de mon premier amour...". je vous raconte ça parce que si quelqu'un sait interpréter, je suis intéressée...

25.1.07

un travail qui en vaut un autre

il n'y a pas de sot métier. mais parfois, je me pose de légitimes questions sur les activités professionnelles de mes concitoyens. la grossesse est pour moi l'occasion d'expérimenter un immense champ de l'analyse médicale. et qui dit analyse médicale, dit manipulateurs qui tripotent les objets analysés, les sortent d'un conditionnement hâtif pour les étaler sur des petites feuilles de verre ou les accumuler dans des boites de piétri, planter des électrodes dans les substances après leur avoir ajouté des additifs. j'imagine simplement, car le processus me reste obscur, caché derrière des portes qui affichent le logo sens interdit, local technique.
néanmoins, j'ai eu le plaisir récent de partager ainsi mon sang (classique et qui bizarrement n'est pas associés à de la saleté, même une fois sorti du corps, ce qui n'est pas le cas de la salive comme chacun sait), mes selles, et mon urine, avec une personne assez aimable pour la recueillir et l'étudier avec une considération polie. polie et légèrement vénale, je suppose, mais on le serait à moins. la dernière nouveauté vient de l'apparition de ma tension, qui me permet de collecter plus d'un litre de pipi sur 24 heures, et de ramener un gros bidon à une secrétaire qui me dit merci.
quand on connaît mes légers penchants scatologiques mal soignés de l'enfance, on comprend que tout ceci me met en joie.
mais au-delà de ça la question demeure : quand bifurque-t-on dans ses études pour choisir de travailler en laboratoire ?

23.1.07

l'orage

comme pour me tirer d'une torpeur à la spirale descendante, les éléments se sont déchaînés pour apporter un peu de fraîcheur dans une atmosphère d'hiver pathologiquement bouillante. la pluie a crépité, et a révéillé en moi des souvenirs éteints depuis des mois. l'orage a tonné et la lumière de l'éclair, presque simultanée de l'énorme craquement à la puissance manifeste, a éclairé mon visage blême. au petit matin, tout est fini. les oiseaux chantent de nouveau dans nos arbres citadins. presque, si j'osais, j'attriburais ma mauvaise humeur de la veille à la montée du statisme électrique, à la concentration en charge des nuages.
dans mon immeuble, je rencontre enfin la voisine, chargée d'un tout petit bébé sur les bras. nous avons empêché le nourrisson de roupiller en construisant vaillamment une commode ikea bleue, de celles qui demandent qu'on leur tape sur les fesses à coup de clous pour tenir fortement. alors je m'excuse, et je découvre avec plaisir qu'elle aussi est un être civilisé qui accepte de discuter de notre bavure sans animosité et avec un grand sens du pardon, teinté d'une capacité de verbaliser des prévisions raisonnables pour d'autres occasions. nous avons élu domicile dans un batiment où les 102 appartements contiennent des humains qui se disent bonjour et communiquent des informations quand ils se croisent. étrange aventure dans une grande ville moderne. déménagement chez les riches dans un immense appartement et achat de meubles est une grande première pour moi. je jubile, en quelque sorte. mais une fois la première excitation passée, je me rends compte que ma tension a monté, et que je dois une fois de plus me coucher pour me reposer. concept.

les génériques

il n'y a rien de plus fascinant que cette nouvelle règle (loi, règle, que sais-je ?) qui impose à tout acheteur de médicaments de prendre le générique pour ne pas avoir à payer. déjà, je ne suis pas sûre d'avoir bien compris, de mon oreille vague, s'il s'agit de ne avoir droit au tiers payant ou de ne pas avoir droit à un remboursement si l'on refuse le générique. j'ai entendu le discours dans trois pharmacies différentes et je n'ai toujours pas les idées claires. c'est une règle pour laquelle on peut donc attendre un fonctionnement efficace, déjà. ensuite, j'ai beaucoup apprécié certaines situations dans mes géronto-pharmacies. puisque j'ai changé de quartier, j'ai changé de public et je profite de l'achat des dizaines de boites des quelques clients qui me précèdent. d'où le plaisir de voir un monsieur d'un âge honorable (suffisamment pour qu'il prenne un air gêné quand la pharmacienne lui a souhaité bon anniversaire après avoir regardé sa carte vitale) accumuler les boites de "médicaments - qui - sont - les - mêmes - qu'avant- mais - n'ont - plus - le - même - nom". ils ont aussi incidemment changé de couleur et de forme à l'intérieur de la boite. la pharmacienne, très gentille, a perdu 5 minutes de notre temps collectif à écrire le nom de l'ancien produit sur le nouveau générique. elle n'a pas rajouté la posologie car ce monsieur-là était plutôt vaillant encore, et bien éveillé. le lendemain, même topo avec une dame beaucoup plus jeune qui achète du lexomil pour sa mère et se demande comment elle va lui faire avaler cette molécule tombée dans le domaine public. quand on sait combien les habitudes des octogénaires moyens sont faciles à changer, je soupçonne la sécu d'avoir lancé avec ce système une opération de grande envergure d'intoxication médicamenteuse auprès des populations les plus fragiles. l'erreur sera très humaine.

sinon, à l'autre bout de la chaîne temporelle, je saisis dans le hall d'immeuble un petit deal intergénérationnel. la grand-mère : alors tu manges une feuille de salade. la petite : bon... alors... non... plutôt la tomate. la grand-mère : comme tu veux, mais tu manges au moins un légume. la petite : d'accord, mais après tu me changes l'assiette.
la contamination alimentaire par les tomates est un problème avec lequel l'homme du futur ne plaisantera pas.

20.1.07

les activités et la tension

je n'ai plus le droit d'approcher un carton car ils sont source de haute tension. on me le dit, et mon bras indique des valeurs interdites. j'irai même m'amuser à l'hopital cet après-midi que ça m'étonnerait pas. pendant ce temps, je reluque internet pour acheter des objets divers et variés pour la maison et le fiston. c'est une vie passionnante que d'être femme à la maison d'un temps. je pense ne pas être faite pour ça, mais on peut toujours se glisser momentanément dans des peaux diverses.
comme il m'est interdit de m'énerver, je suis restée très calme face à la délinquance sénile agressive à laquelle j'ai eu droit chez le pharmacien du coin. genre vieille qui double, protégée par la pharmacien. j'ai un peu gueulé et je me suis écrasée pour rester calme. c'est un nouveau principe. toujours être calme pour que toute la vie aille bien. ne plus défaire de carton. dormir en lisant des polars en anglais.
plus tôt l'autre jour, j'ai abordé un jeune homme sur un des chantiers de que traversait quotidiennement sur mon trajet vers le travail. je le vois arracher des joints entre les rails. et pas seulement lui, mais aussi tous les autres hommes au casque et à la combinaison visible de sécurité qui s'affairent. je m'approche et je lui demande s'ils sont en train de défaire quelque chose qu'ils ont déjà fait. il me dit "non, laissez tomber, vous connaissez pas, vous pouvez pas comprendre". alors je réponds "et c'est possible que vous m'expliquiez ? à moi que ce soit trop long." finalement, il s'agissait de joints provisoire pour aider à la pose des rails, et derrière suivait une équipe qui allait remplacer par des joints plus étanches et costauds pour terminer la portion. je lui dis merci. il est visiblement étonné qu'on puisse s'intéresser à son travail. c'est dommage uque les gens pensent ce genre de choses.
maintenant je dors et je me souviendrai de mes observations des trois derniers mois plus tard.

9.1.07

la baleine qui marche comme un pingouin

c'est là que j'en suis. j'oscille vaguement dans les rues en travaux, me heurtant le moins possible aux rivages de poubelles.
marseille m'apporte même un cafard à la maison. c'est vraiment généreux, comme ville.